37
LECTURES
BOBIN À VIDE
Le dernier Bobin, «La grande
vie ». Dernière
phrase: «La poésie c’est la grande
vie».
Christian Bobin est un écrivain difficile à
cerner. Il affiche
une sincérité désarmante, une bienveillance qui n’est pas
sans angélisme ; il...
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37
LECTURES
BOBIN À VIDE
Le dernier Bobin, «La grande
vie ». Dernière
phrase: «La poésie c’est la grande
vie».
Christian Bobin est un écrivain difficile à
cerner. Il affiche
une sincérité désarmante, une bienveillance qui n’est pas
sans angélisme ; il construit des nouvelles
d’une originalité folle, sans intrigue, sans
personnage parfois, faites de réflexions, de
sensations, de notations. C’est ainsi que
j’ai adoré «Une petite robe de fête». Ses
phrases ont une rythmique particulière, il
utilise volontiers la répétition, comme
dans l’exergue de ce dernier livre: «Ceux
qui nous sauvent de notre vie ne savent
pas qu’ils nous sauvent»; et le paradoxe,
comme au début de «Une orgie d’émeraudes»: «Je me souviens du 12 mai
1944. Je n’étais pas né».
Mais, quand il ne se donne pas de cadre,
de sujet, de propos précis, il tourne à vide.
Et le phrasé révèle un système d’écriture
facile à démonter. Il s’installe dans un
genre poétique où abondent les images,
dont aucune n’impose son évidence. Et
s
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