Pourquoi ne pas l’avoir gardée ? Elle était faite à moi, j’étais fait à elle. Elle suivait tous les replis de ma diplomatie sans la brider ; il n’y avait aucun besoin auquel sa complaisance ne se prêtât. Un allié africain était-il dans le besoin, un de mes...
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Pourquoi ne pas l’avoir gardée ? Elle était faite à moi, j’étais fait à elle. Elle suivait tous les replis de ma diplomatie sans la brider ; il n’y avait aucun besoin auquel sa complaisance ne se prêtât. Un allié africain était-il dans le besoin, un de mes régiments s’offrait à l’épauler. Un ami palestinien était-il acculé, je lui dépêchais ma flotte. On y devinait sur ses coques cabossées les services qu’elle m’avait rendus. Ces patines du temps signalaient la patrie de Villars, Suffren et Foch. À présent, j’ai l’air du valet gagé que je suis, on ne sait plus qui je fus. J’étais le maître de ma vieille armée, je suis devenu l’esclave d’une nouvelle. À chaque instant je me dis : « Maudit soit le jour qui me vit me remettre sous la pourpre impériale ! Où sont mes soldats de l’An II, mes bataillons de marche du Tchad, mes centurions de Suez ? O Carnot, si tu voyais tes demi-brigades sous bannière étoilée, comme tu tempêterais ! Mes amis, ne suivez pas mon exemple, refusez l’imposture des
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