« J’AI AVALÉ MON CHOUINGOM »
En 1945, donc, le chewing-gum c’est quelque chose d’extrêmement précieux.
Personnellement, mon premier chewing-gum m’a duré deux semaines.
Je le rangeais
soigneusement chaque soir dans le tiroir de ma table de nuit pour le...
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« J’AI AVALÉ MON CHOUINGOM »
En 1945, donc, le chewing-gum c’est quelque chose d’extrêmement précieux.
Personnellement, mon premier chewing-gum m’a duré deux semaines.
Je le rangeais
soigneusement chaque soir dans le tiroir de ma table de nuit pour le retrouver au matin,
totalement insipide mais, c’est cela qui importe, toujours élastique.
Cet hiver, la pénurie est si grande que je le partage avec Franck : il mâche les jours pairs, je
mâche les jours impairs.
Malheureusement au cours d’une récréation, alors que je joue au
prisonnier, une bourrade plus violente que les autres me fait avaler la précieuse boulette.
Je
reste pétrifié au milieu de la cour.
« Qu’est-ce que t’as, Jo ? »
Je n’ose pas répondre.
Ils sont tous autour de moi.
« Qu’est-ce que t’as, mec ? Accouche…
– Mon chouingom, dis-je, du coup, perdant mon semblant d’accent yankee.
– Ben quoi ton chouingom ?
– Je l’ai avalé.
»
Je sens leurs yeux vaguement apitoyés.
Franck me remonte le moral à sa manière.
« Ma mère d
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