[IV.
116-146] Et moi, si je n’étais comme un marin fatigué,
pressé d’abaisser ma voile et de tourner ma proue vers les terres,
je chanterais peut-être l’art des jardins heureux
et les rosiers de Paestum qui font deux fois des fleurs,
et le plaisir des...
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[IV.
116-146] Et moi, si je n’étais comme un marin fatigué,
pressé d’abaisser ma voile et de tourner ma proue vers les terres,
je chanterais peut-être l’art des jardins heureux
et les rosiers de Paestum qui font deux fois des fleurs,
et le plaisir des chicorées buvant l’eau des ruisseaux,
celui de l’ache aux rives verdoyantes, et se tordant dans l’herbe,
le concombre au ventre qui se gonfle; la chevelure longue à venir
du narcisse, je l’aurais dite aussi, ou bien la tige souple de l’acanthe,
les lierres pâles, les myrtes amoureux des rives de la mer.
Et voici que je me souviens : c’est au pied des hautes tours de Tarente,
sur ces terres blondes arrosées par les eaux noires du Galèse
que j’ai vu ce vieillard cilicien, qui n’avait pas bien grand
d’un terrain délaissé, ni bon pour le labour,
ni commode aux troupeaux, ni propice à la vigne.
Pourtant entre les ronces il plantait des légumes, en lignes espacées,
bordées de lilas blanc, de verveines et du pavot qu’on mange,
égalant en espr
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