L’Extrait du mois
Lorsqu’un enfant disparaît, l’espace qu’il occupait auparavant est aussitôt investi par des
dizaines de personnes.
Celles-ci—parents, amis, policiers, journalistes de la presse et de la
télévision—créent une atmosphère d’énergie et de...
More
L’Extrait du mois
Lorsqu’un enfant disparaît, l’espace qu’il occupait auparavant est aussitôt investi par des
dizaines de personnes.
Celles-ci—parents, amis, policiers, journalistes de la presse et de la
télévision—créent une atmosphère d’énergie et de bruit dominée par l’impression d’une
grande intensité collective, d’une farouche détermination commune à remplir une tâche.
Or, au milieu de tout ce vacarme, rien n’est plus sonore que le silence de l’enfant disparu.
Ce silence-là, haut de soixante-dix à quatre-vingt-dix centimètres, on le perçoit à hauteur de hanche, on l’entend s’élever des lattes du plancher, de tous les coins et recoins, du
visage inexpressif d’une poupée abandonnée sur le sol près du lit.
Il est différent de celui
qui règne lors des enterrements et des veillées funéraires.
Le silence des morts exprime le
sentiment d’une finalité; c’est un silence auquel il faut se résigner.
Mais on ne veut pas se
résigner à celui d’un enfant disparu, et comme on ne peut pas l’
Less